samedi 1 novembre 2014

Tborida, communion entre l’homme et le cheval

         Dans un Outak installé sur la côte, Haj Saïd, le vieux cavalier, se prépare pour la Tborida. Il est superbement vêtu d'un costume d'apparat. La Hmala noire de son poignard, mise en bandoulière, attise la blancheur étincelante de sa djellaba. Son ruban jaune, soigneusement plié, dont une frange lui pend sur la nuque, rime avec ses babouches aux languettes arrière relevées.
         Beau comme un marié et fier comme un cavalier, Haj Saïd, le pied à l’étrier, se hisse lestement sur sa monture, un cheval barbe gris, à la croupe arrondie, qui, la queue en panache, se met constamment sur le côté comme pour exhiber son magnifique harnais décoré, son riche Serj artistiquement brodé de Skalli. L'étalon fait, parfois, des signes d’approbation de la tête et fait voler en l’air sa belle crinière noire. Il mordille énergiquement son mors. Il grince des dents. Il piaffe pour afficher son impatience. Il cabre quand il le faut et hennit comme il se doit. Un amour de cheval !
         

Haj Saïd rejoint majestueusement la Sarba des Ouled Frej. Les cavaliers de la tribu accueillent dignement leur 3allam. Lorsque les 3ammar finissent de garnir de poudre les canons des fusils et que le parcours est dégagé, une frénésie s'empare de la Sarba qui s’ébranle d’abord au trop, un peu désorganisée puisque les chevaux se montrent réticents et marchent de travers. Puis soudain, les cavaliers s’alignent parfaitement et s’élancent au galop. Le bruit sourd des sabots se mêle au tintement des clochettes des harnais. Le public retient son souffle. Au cri strident du 3allam, les jeunes cavaliers brandissent leurs fusils et tirent. On n'entend qu'une seule déflagration. La slave soulève un tonnerre d'applaudissements. Des youyous fusent alors de toutes parts.
         Mi enveloppée par la poussière et la fumée du baroud, la Sarba regagne allégrement le point de départ de la fantasia, escortée par des troubadours qui chantent la bravoure et la générosité des Ouled Frej.
         Aucune tribu ne peut faillir à sa réputation en s’abstenant de participer à la fantasia du moussem qui perpétue les nobles traditions équestres.
         Y a-t-il mieux que la fantasia pour préserver cette indicible communion et cette merveilleuse symbiose entre l’ homme et le cheval ?
                                     Bonsoir.
                                                                       Mohammed Marouazi



ICI

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire