mardi 21 octobre 2014

Le cheval, la belle conquête de l’homme.



          Je suis le cheval, le Dham des Doukkala, le Zreg de Tissa, le Goumri d’El Houz, le Bergui de Chaouia et de l’Atlas, … Je suis le barbe arabo-berbère et fier de l’être !
           J’ai toujours été le compagnon de la liberté, le symbole de la puissance, de la dignité de l’autorité. Animal fétiche, animal de prestige, d’apparat; partenaire fidèle de l’homme dans ses plaisirs, ses fêtes, ses guerres.
          Ce n’est pas par hasard, ce c’est pas sans raison que des sciences spécifiques me sont réservées : l’équitation, la cavalerie, la chevalerie, l’hippologie, l’hippiatrie …constituent une nomenclature non exhaustive pour définir le célèbre terme arabe « al Fouroussya ».
Sacré, moi, le cheval, mais sans orgueil :
           * Dans le coran, Dieu a juré par les coursiers me décrivant ainsi :
وَالْعَادِيَاتِ ضَبْحًا ۞ فَالْمُورِيَاتِ قَدْحًا ۞فَالْمُغِيرَاتِ صُبْحًا ۞ فَأَثَرْنَ بِهِ نَقْعًا ۞ فَوَسَطْنَ بِهِ جَمْعًا ۞ إِنَّ الإِنسَانَ لِرَبِّهِ لَكَنُودٌ ۞) العاديات(
« Par les haletantes cavales/ qui font jaillir des étincelles / qui attaquent à l’aube / dans un tourbillon de poussière et surgissent au milieu de campement / l’homme est ingrat envers son seigneur… » (Al Adyat)
           * Le hadith me recommande :
-« Apprenez à vos enfants : la natation, le tir (à l'arc) et l'équitation. »
- «Le bien est attaché aux crinières des chevaux jusqu’au jour de la résurrection »
Célèbre, moi, le cheval, mais sans vanité:
           Je suis le cheval, l’une des trois choses qui font le bonheur sur terre, selon Théophile Gautier. Le célèbre poète Imru Al-Kays me décrit ainsi dans sa Mou3allaqa:
مِــكَــرٍّ مِــفَــرٍّ مُــقْــبِــلٍ مُــدْبِــرٍ مَــعــاً***كَــجُلْـمُوْدِ صَـخْرٍ حَطَّهُ السَّـيْلُ مِنْ عَلِ
Chargeant, fuyant, voltant tout à la fois/ Comme un roc, tout d’un bloc, que le torrent dévale.
- لَـهُ أَيْطَلا ظَبْيٍ وَسَاقَا نَعَـامَةٍ *** وَإِرْخَاءُ سِرْحَـانٍ وَتَقْرِيْبُ تَتْـفُلِ
Il a des lombes de gazelles, et des jambes d’autruche/ Le pas lâche du loup, serré du renardeau."
Le poète satirique et cocardier, le Prince des Poètes, Al Moutanabbi, loue mes vertus en me citant parmi ses signes de gloire:
« الخَيْل واللّيْلُ والبَيْداءُ تَعْرفُني *** والسّيْفُ والرّمْحُ والقرْطَاسُ والقَلَم
Le cheval, la nuit, le désert me connaissent/ Et l’épée, la lance, le parchemin, et la plume.»
           Un sage arabe a dit : « il n’y a que ces trois que je dois servir : mon père, l’hôte et le cheval.» J. M.Synge me fait pleurer, pardon, me fait hennir, quand il dit : « …un homme sans cheval, c’est dur pour lui de rester au monde.»
           Il est une parole de Jules Renard que je n’aime guère mais que je vais dire quand même : «le cheval est le seul animal dans lequel on puisse planter des clous.» Faut-il prendre cette parole comme un compliment ou un affront ?            Sacré Jules Renard! Il revient, mais cette fois, pour lancer une vaticination pour le moins audacieuse : « Bientôt,le cheval sera sur la terre quelque chose d'aussi étrange que la girafe. »

          Priez avec moi pour que ce ne soit qu’une erreur de prédiction. C’est curieux, on est toujours pessimiste quand il s’agit de l’avenir, comme si l’optimisme ne concerne que le passé.                                      Bonsoir.
                                                                       Mohammed Marouazi



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